Histoire Chapitre 1: Un soir comme un autre.
Londres, station de métro de Camden town 23h37
Une voix presque synthétique retentit dans la dernière voiture de ce convoi métallique où une ombre prit forme, solitaire et avachit sur un siège. Après l'annonce le silence vint à nouveau n'être perturbé que par les saccades du contact des roues et des rails. Le personnage fixa sans interruption le mur semblant défiler sans discontinuer, la lumière agressive des différents néons zébrant son visage à demi masqué. Son esprit semble préoccupé, perdu dans l'immensité d'un monde que lui seul peut décrire, la teinte ambré de son regard rougeoyant peut presque sembler inquiétante, mais finalement ce dernier est bien vide. Personne n'observa cet être atypique hormis peut-être les quelques caméras de surveillance balayant la rame. Qui se sentirai rassuré de se trouver proche d'un jeune homme ainsi vêtu ? Inspirant sans doute plus la crainte que de l'empathie. Tous dans son style vestimentaire fut étudié pour que son identité soit préservée, mais bien souvent c'est ainsi qu'on attire l'attention. Malgré les dispositions mises en avant, cette personne ne sembla pas inquiète, déconnecté serait sans doute le terme plus approprié. Immobile, victime des quelques soubresauts d'un virage brusque qui anima finalement ce corps rigide. Néanmoins, par réflexe et sans doute une certaine forme d'habitude, l'individu se mut enfin, saisissant de sa main gantée la sangle de son sac sombre.
Il finit par se lever et s'accrocha à une main courante pour éviter les ballottements intempestifs de l'arrivée en gare. Observant un peu mieux la scène, finalement on constata que le roublard fut accompagné. La présence furtive exprime ses traits par une fourrure beige et un air relativement enjoué, mais calme. Le canidé trottina aux côtés de son maître tout en le suivant face aux portes qui s'entrouvrirent machinalement, un courant d'air assez vif fit frémir les quelques mèches du noiraud qui s'extirpèrent de sa capuche. Balayant de son regard le quai qu'il trouva bien vide, l'homme poursuit son chemin avec une certaine impatience, comme s'il fuyait quelque chose. Quelques mètres plus en avant, «Bliny» le shiba inu sembla être intrigué par quelque chose, un vieux pochetron écroulé sur le sol. Un coup d'oeil furtif de la part du protagoniste sur le soudain intérêt de son chien le laisse de marbre, sachant qu'il reviendra bien vite malgré son exploration. Poursuivant sa route confiant sur la fidélité de son chien le jeune homme emprunta un escalier relativement raide.
Deux hommes patientèrent tranquillement en haut des marches, visiblement leur attente trouva une conclusion avec l'arrivée hâtive de l'individu du métro. Le regard rougeoyant du jeune homme se posa finalement sur eux, un soupire vint s'échapper d'entre ses lèvres dissimulées elles aussi en s'imaginant déjà la suite peut réjouissante. Fanfaronnant déjà d'un triomphe hypothétique l'un des deux hommes se ficha d'un sourire arrogant avant d'entamer un monologue protocolaire bien pompeux.
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Bonsoir monsieur, nous sommes des agents de la police des transports britannique. Nous allons procéder à un contrôle de routine, mais en tout premier lieu, vous êtes au courant que le fait d'avoir votre visage dissimulé dans un lieu public est une infraction ? Vos papier d'identité et votre titre de transport s'il vous plaît.Une fin de soirée qui sut trouver un sens totalement agréable pour le délinquant en herbe qui ne manqua pas d'écraser sa main sur son visage en signe de consternation. Bien que l'envie ne fut guère présente pour une coopération totale, il s'exécuta en triturant dans l'une de ses poches, fourmillant d'objets divers et variés. Dans un premier temps, il présenta sa carte d'identité qui, il faut bien l'admettre ne fut plus très vaillante. Le précieux sésame lui donnant accès au transport en revanche sembla bien moins prompt à être trouvé. L'agent saisi alors le document et l'examina avant de se mettre parler à haute et intelligible voix.
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Sergei Markov ... retirer déjà ce que vous portez sur le visage et ensuite que faites-vous ici ? Et il me semble vous avoir demandé votre titre de transport.La recherche ne donna rien, un problème vu la situation qui se profila et l'envie d'agir par la force ne fut certainement pas la meilleure solution. Le jeune homme qui portait désormais un nom retira du bout de son indexe son foulard dévoilant ainsi son visage, une certaine jeunesse s'en dégagea bien que marqué par diverses traces de blessures antérieures. La moue qu'il affubla par la suite fut clairement le signe d'un malaise à peine dissimulé : son ticket resta introuvable et le stress le gagna peu à peu. Au moment où les choses furent sur le point de dégénérer, un aboiement retentit et voilà que Bliny refait surface avec la grâce d'un jambon glissant sur une patinoire. Interrogatif les agents fixe par méfiance avant de dire.
- C'est votre chien ? Pourquoi es-ce qu'il n'est pas en laisse ? La patience de Sergei fut mise à rude épreuve, la constante impression que certaines personnes abusèrent si outrageusement de leurs prérogatives avait le don de le mettre en colère. Il finira malgré tout par répondre, mais avant cela, son compagnon vint frotter sa truffe contre sa jambe avec quelque chose dans sa gueule. Le jeune homme sourit en voyant de quoi il s'agit avant de tendre sa main pour récupérer cet objet.
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Effectivement, il s'agit bien de mon chien et voici mon ticket, je l'avais égaré.En réalité, le quadrupède eut subtilisé le titre de transport à l'ivrogne encore inconscient, une aubaine en quelque sorte. Après un bref contrôle et un rappel à l'ordre, finalement les deux comparasses purent continuer de leur route sans anicroche. Traversant alors les quelques ruelles qui le séparèrent de son domicile, une fois arrivée, sans grande délicatesse, il lança son sac dans un coin de la pièce, retirant également sa veste, Bliny quant à lui se précipita vers sa gamelle. Le confort de ce studio fut plus que spartiate, n'offrant qu'un lit, quelques étagères une cuisine bien miteuse et une seule fenêtre donnant une vue imprenable sur la rue passante de Camden. Autant dire que la vie du jeune Ukrainien ne fut guère joyeuse, bien loin d'un confort luxueux comme celui de la majorité des membres de grandes familles. Serrant les dents suite à cette pensée, Sergei préféra se rafraîchir grâce à un verre d'eau faisant passer un peu mieux le goût désagréable de l'opulence d'autrui : lui qui n'eut jamais connu autre chose que la misère.
Il n'était pas envieux de la richesse ou du pouvoir, simplement du sentiment d'injustice qui semblait se présenter tel un gouffre entre les classes sociales : une lutte aussi vieille que le monde. Le jeune réactionnaire récupéra alors son sac avant de le poser sur un bureau qui ressembla bien plus à un établi crasseux qu'un réel endroit pour travailler. Graisse, outils de précisions éparpillés, boîtes de divers matériaux en pagailles, tout sembla laisser à penser qu'il s'agit de l'endroit parfait pour un bricoleur en herbe. Il en sortit une pièce métallique sombre enroulée dans un torchon, anodin au premier abord. Pourtant, quand il ouvrit un casier à l'aide d'une clef, il fut facile de deviner qu'il s'agit d'un pistolet dont il manqua une simple pièce. Le fourbe mit des semaines pour en rassembler tous les composants afin d'éviter d'éveiller les soupçons ou se faire prendre. Parachevant alors son œuvre et armant l'instrument de sa vengeance future il le pointa dans une direction, visiblement il ne fut guère étranger au maniement des armes au vu de son assurance. Une vengeance future qui sera sans doute tout sauf pacifique.
Chapitre 2: Sergei Markov ou devrais-je dire AX-7 ? [En cours]